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Démon intérieur ? Idéesrétro satanas !

Voici deux textes en miroir : le premier, extrait d’un journal intime que je tenais à l’âge de 20 ans et le second, une lettre que je me suis écrite quelques mois après. A cette époque, je désirais ardemment avoir un job en agence, faire « vivre » la créative publicitaire en moi. J’avais fini mes études et ne voulais pas repasser par la case stage pour réussir le café et mes slogans. J’avais donc d’un côté, mon désir sur fond d’écran mental et ma « triste » réalité de l’autre : sans emploi, chez mes parents, aucun book (dossier) de publicités finalisées, tous mes amis à la fac ou en poursuite d’études de pub, des carnets entiers d’idées pas réalisées…

Le 1er texte a été écrit sous la dictée sans filtre de mon démon intérieur saboteur, autoritaire, dévalorisant, en plein travail de sape pour me r-éveiller à moi-même.

La violence de mes pensées m’ont poussées à aller prendre l’air : c’est au Maroc, seule, un mois de mai que j’ai fait un chemin vers moi-m’aime (c’est le cas de le dire). A mon retour et à ma demande, mon mentor en publicité m’a coaché pour mon book. En 3 semaines, j’avais un CDD en agence, et quelques mois après, un CDI à Nantes (grâce à une rencontre au Maroc). Comme quoi ! Les voies de l’Univers sont impénétrables.

Surtout, ne tombez pas dans le piège de votre sapeur de moral. C’est un éveilleur. Il est la voix du « contre » afin d’aller en soi, chercher le pour et le pure. Il fait peur, certes, il est insidieux et mauvais mais il nous impose ainsi de trouver le Sens et l’Essentiel. Le démon démonte et son poison nous fait monter à la surface de nous-même.

Mon démon de l’époque, je l’ai quelque peu calmé. Évidemment, il s’immisce encore dans mon esprit de temps à autre mais, bien outillée je le repousse avec le Trav’ail (de Katie Byron), les mouvements croix-sés (du Brain Gym) et quelques je-vous-salutationausoleil-Marie.

Alors, démon, mon coeur bien en place… je t’écoute !

 

Mars 2003

« Il y a des choses à faire dans la vie, comme ne pas s’endormir sur ses lauriers. Il faut avoir le courage des oiseaux qui volent, dans le vent glacé. Sabah, tu as de la chance d’avoir 10 doigts, une tête, 2 jambes… C’est déjà bien. Alors, crée. Écris-toi ton nouveau décret: IL FAUT QUE TU CRÉES. Brille de tes pouvoirs ma fille, ouvre les yeux !

Mais avant tout, il faut comprendre des choses. Les choses de soi. L’intérieur. Se dévoiler, ne rien cacher. Il faut comprendre tes gestes. le Pourquoi. Pourquoi tu n’as pas la force de sortir seule ou d’aller au musée même si tu en as envie. Pourquoi trouves-tu plus facile de regarder la télé que de te bouger ? Pourquoi pleures-tu facilement ? Pourquoi ton petit cœur se resserre comme dans un étau et le seul moyen de lui envoyer de l’oxygène, c’est de pleurer ? Pourquoi ?! Quelle est cette rage qui t’empêche de respirer ? Que te faut-il ? N’as-tu pas tous les moyens en main pour être ce que tu veux ou plutôt devrais-je dire ce que tu prétends vouloir être ? La prétention te va comme un gant, chérie.

Tu te joues la comédie. Tu fais souvent genre. Genre tu cherches un travail, genre l’ordinateur est vital, mais ton book n’a pas avancé ma belle. T’es toujours au même point depuis des mois. En plus comme tu es fatiguée, tu vas toujours te trouver une « raison valable » pour ne rien faire. Tu fuis, tout bonnement ! Tu prends la tangente et tu maquilles la vérité comme tu sais si bien le faire. Tu me fais gerber, vraiment. Tu attends que la vie t’emporte. Tu fais la morte. Les choses te frôlent. Tu ne fais rien à fond. Tu attends que quelqu’un te sorte de l’eau mais tu ne veux pas attraper la bouée. Tu prétendras même qu’elle est trop loin, que tu ne peux pas la prendre.

C’est physique et mental. TU AS PEUR ! Oui, c’est ça. Tu fais croire aux autres, comme d’habitude, que tout va bien mais tu as peur.

Tu as peur de la réalité. Tu as peur de réussir autant que d’échouer. Tu n’es pas assez forte. Tu fais croire aux autres que tu es exigeante avec toi-même, tu fais croire aux autres que tu les aimes, tu fais croire aux autres que tu travailles. Tu es superficielle. Aujourd’hui, tu ne sais même pas qui tu es, ce que tu veux, où tu vas. Au jour près, tu ne sais rien. C’est désolant. Tu végètes. Ton père a raison ! T’aurais dû faire l’armée pour avoir un boulot. Ah, c’est facile de le critiquer ton père. De critiquer ton petit-ami…mais toi, tu n’es qu’une merde. Toi, tu te laisses porter. Ta « beu » à toi c’est la paresse. Elle t’apaise le coeur et l’esprit. Elle t’empêche de réfléchir concrètement. Grâce à elle tu t’inventes des chimères et tu te crois meilleure. Une drogue ! Ta paresse est une drogue qui te voile les yeux. Tu m’énerves. Tu t’inventes des excuses pour repousser ta peur à plus tard. Tu crois que tu as du talent ? Prouve-le alors ! Fais des choses. Au moins si tu fais des croûtes, des textes de brêles, t’auras fait quelque chose.

Faut que tu changes. Faut que tu dévores cette vie. Elle est là, croque ! Elle attend que tu agisses. C’est pas un geste, non. C’est AGIR. Action, Activité… Si tu ne décides pas de prendre ta vie en main et pour de vrai, c’est foutu. Sérieux. Fais toi un planning. Ecris surtout, parce que t’oublies vite. C’est comme tes rêves: de pures histoires à noircir du papier, des histoires entre toi et tes neurones. Ah, elle est belle ta vie ! Il faut que tu changes ou sinon tu resteras toujours le fantôme de toi-même. Tu l’effleures la vie, là. Tu passes à côtés. T’en rends-tu compte ?

J’en ai fini avec toi. Tu me fais chier à penser à toi. Allez, à plus et fait comme d’hab, ça t’évitera de comprendre qu’il faut changer.

Ton démon à toi »

 

Mai 2003

« Le bruit des vagues ici berce mes journées et mes pensées. Je me sens bien et prends le large. A perte de vue, on voit les bateaux vouloir atteindre une autre rive ou rester dans l’immensité, entre ciel et mer. L’Europe n’est qu’à une heure et demie d’ici. Les jeunes marocains apprennent les mots doux d’usages en espagnol pour éviter d’avoir à passer la frontière à la nage. Hola chica guapa !

Comme tout ici, le temps n’a pas de mesure. La mer n’a pas de fin. Le ciel est immense. Et moi, je Suis. Je n’ai pas encore réfléchi à mon retour, à mes « objectifs ». Pour le moment je me cherche et me trouve petit à petit. Je comprends que les choses sont à ma portée, même celles qui me paraissent loin. Rien n’est droit, direct, sans obstacles…mais tout EST. Tout VIT. Respirer, voir, toucher, sentir… sont des dons de Dieu ou de la Nature, je ne sais pas. Mais, la Vie est un trésor inépuisable. 

La nature est grandiose. Imagine la Terre un instant. Imagine l’amplitude, la surface de l’élément… je trouve ça fascinant. On est vraiment peu de choses et en même temps beaucoup à la fois. Comme dit Marguerite Duras mais peut-être pas en ces termes : Il faut penser que chaque jour on peut mourir sans forcément être mort.
Faire de mon quotidien une chose exceptionnelle en conscience de la vanité de l’action. Voilà. Pour moi vivre, c’est savoir que je vais mourir donc que j’ai des choses à faire, à dire, à prendre, à sentir, à ressentir, à toucher, à aimer… Pour moi vivre c’est aimer. Aimer ce et ceux qui m’entourent et leur dire. Sans penser à faire ni le bien ni le mal mais à partager.

Éviter les sempiternelles barrières du conscient ! Je veux, je peux : une montagne s’escalade, une mer se traverse, la terre se foule, la faim a une fin… Les obstacles intérieurs sont souvent plus difficiles à franchir que les obstacles naturels et tangibles, réels, concrets. Cependant, c’est mathématique. Tout problème a sa solution. S’il n’y a pas de solution, c’est que ce n’est pas un problème. Et moi je suis Thalès ou Descartes, je théorise et j’improvise. Je veux improviser car c’est l’inconscient qui parle. La spontanéité pleine de vérité de soi, étoffe délicate et volatile.

Je veux être fière de moi, comme je peux l’être des personnes que j’aime. Aller au bout de mes rêves et de mes convictions. Abattre les barrières virtuelles qui paraissent faites de béton. Y croire et avancer. Faire, Etre et puis c’est tout.

Sabah – 20 ans  »

 

 

 

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